Plaine

C'est une grande plaine où passe un ruisseau d'eau fraîche.

Reitan et l'ermite arrivèrent sur la plaine. Le premier avait pour seule arme son bâton et aucune armure pour recouvrir son corps. L'ermite, lui, avait toujours son ample tunique qui ne laissait visible que son visage. Son arme était aussi le bâton.

Avant la magie, il faut commencer par le combat armé. Voyons ce qu'il te reste...

Le viellard attaqua avec une rapidité surprenante. Un coup simple, vertical. Reitan leva son bâton, légèrement de travers, et stoppa la trajectoire de celui de l'ermite.

Tu as de bons réflèxes. Voyons tes capacités si je fais ça...

Un coup vertical suivi d'un coup de taille tous deux arrêtés par Reitan. Celui-ci ne disait rien et restait concentré.

Et si on augmente la vitesse ?

Deux coups enchaînés rapidement. Un vers la tête arrêté difficilement et suivi de très près par un coup sur la cheville qui fit tomber le guerrier.

Grrr... Vous êtes rapide...

Oui. Car ce n'est pas la force qu'il faut dévelloper, mais bien la vitesse. Quelqu'un de vif et d'endurant gagne contre un homme puissant...

Les coups reprirent. L'ermite était toujours aussi rapide et Reitan avait encore du mal à suivre ses mouvements. Son regard devint plus acéré et vif, ses gestes devinrent plus sacadés, plus rapides. Peu à peu, il arrêta quelques coups du vieillard...

C'est bien. Tu deviens rapide...

Il était temps...

L'ermite sourit et regarda le corps de Reitan couvert d'ecchymoses.

Il te faudra être patient pour apprendre... Tu as jusqu'au début du tournoi pour apprendre.

Quel tournoi ?

Celui qui opposera les trois Royaumes. Ce tournoi a pour but de resserrer les liens entre les trois villes. Il te faudra y être pour remplir ton rôle.

Reitan se leva et se remit en garde. Une jambe tendue derrière lui, une jambe fléchie, le bâton devant lui.

Alors continuons.

Viens avec moi.

Cela faisait près de trois heures que les deux hommes s'entraînaient. Entre eux s'était établie une relation marquée par le respect et l'amitié. Reitan suivit l'ermite et tous deux arrivèrent à un lac. Pris d'une soudaine impulsion, Reitan enleva sa tunique et entra progressivement dans l'eau. Jusqu'au moment où il fut totalement immergé. Pendant une minute, une lueur blanche sortit du lac et éblouit les créatures alentour. Quand Tarkhan sortit, il était devenu blanc de peau et ses cheveux étaient de couleur noire. Il était devenu plus petit aussi et bien moins musclé. Avant, il était une bête de combat taillée pour la puissance et maintenant il était rapide et affuté. Ses sens étaient aussi plus affinés, il percevait le moindre mouvement autour de lui et l'odeur de la forêt l'affectait bien plus qu'avant.

Que s'est-il passé ?

Le lac a choisi ta nouvelle apparence. Tu es toujours le même à l'intérieur mais tu as un nouveau visage et une nouvelle façon d'être. Tu es Reitan.

Assieds-toi.

Le viellard avait entraîné Reitan loin du lac et tous deux étaient de retour dans la plaine. Le chevalier s'était assis sur l'herbe et attendait les instructions de son maître.

Je vais à présent t'apprendre la magie. Enfin, la magie va t'apprivoiser.

Comment dois-je faire ?

Plonge au fond de toi-même.

L'ancien Tarkhan ferma les yeux et se mit en condition de méditation profonde. Il s'enferma en lui-même mais il fit en sorte de toujours écouter les consignes de l'ermite.

Si tu plonges assez profond, tu trouveras la flamme de la magie. Elle se trouve forcément là. Ne cherche pas à la saisir, reste auprès d'elle, qu'elle s'habitue à ta présence... Oui, tu y es... Reste concentré surtout... Voila, maintenant dirige ta pensée vers elle, lentement...

Une aura noire se dessina autour de Reitan. Elle était faible mais au fur et à mesure que l'ermite donnait ses instructions, elle se faisait plus dense, plus sombre...

Bien, tu as trouvé la magie. Tu es en mesure de me quitter maintenant, je n'ai plus rien à te montrer.

Reitan se leva et donna l'accolade au vieillard.

Puis-je connaître votre nom ?

Je suis Sennin.

Merci.

Reitan saisit son bâton et partit vers la ville de Merranzan, sans plus se retourner...